Les anches Steuer : l’empreinte française, Reportage
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En France, nous avons la chance d’avoir une ressource naturelle presque inépuisable que le monde entier nous envie pour sa qualité. De plus, cette merveille a le bon goût de se trouver uniquement sur les bords de la méditerranée, dans le Var, autour de Hyères. Cette exception française, c’est la canne à musique, ou plus scientifiquement l’Arundo Donax. Le vent d’Ouest particulier dans cette région va « muscler » les fibres, donnant au bois une élasticité incomparable.
L’équipe de GEWA France s’est donc déplacée vers ce lieu privilégié, à la rencontre de Thomas Donati, le directeur de la société Steuer (prononcer « Chteuyeur »), qui fabrique des anches pour les instruments à vent depuis plus de 60 ans, pour nous faire découvrir son activité.
Un peu d’histoire : le nom de cette société a une consonance Germanique. En effet, Gebhart Steuer est un facteur d’anches en Allemagne qui a fait appel, depuis la fin des années 40, à la famille Donati implantée dans le Var, pour lui fournir les cannes brutes.
C’est donc tout naturellement qu’en 2011, lorsque la marque désire trouver un nouvel acquéreur que Thomas Donati, 3ème génération de la famille, reprend la marque Steuer et transfère les machines chez lui à Carqueiranne.
Notre premier contact avec la fabrication des anches a lieu dans les 30 hectares de plantations de cannes, dans une ambiance de forêt vierge, cultivées écologiquement depuis des décennies. La dimension écologique est primordiale pour Steuer, le sol est entretenu par du « paillé » pour qu’un biotope particulier puisse favoriser les jeunes pousses chaque année. Thomas nous entraine dans les rangées, sélectionnant d’un seul coup d’oeil les cannes qui feront les anches pour le basson ou le saxophone, ou encore la clarinette ou le hautbois.
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A l’âge de deux ans, pendant l’hiver, les cannes sont coupées et entreposées. Au printemps, elles sont « grattées », débarrassées des petites branches puis placées au « soleillage », exposées obliquement au soleil pendant l’été et tournées toutes les 2 semaines pour permettre au bois de profiter totalement du soleil. Cette phase essentielle pour affermir les fibres, permet aussi naturellement d’empêcher l’attaque des champignons et des bactéries.
Les cannes sont ensuite triées et calibrées par diamètre, pour être entreposées au séchage sous abri, à l’air libre pendant plusieurs années. Aucun séchage ne se fait au four chez Steuer.
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La fabrication peut alors commencer : les tubes sont coupés, une première sélection de la qualité est opérée, et le tri pour choisir le type d’anche est effectué. C’est dans cette phase que l’opérateur va repérer à l’encre jaune le sens de pousse de la canne si celle-ci est destinée à produire les anches « Exclusive ». Steuer est la seule société de production d’anches qui a mis en place ce processus.
Ces nouvelles anches pour clarinette ont, grâce à cette coupe repérée, des caractéristiques particulières qui vous sont expliquées en cliquant ici.
Le tube est alors « fléché », c’est-à-dire poussé sur un couteau représentant une flèche afin de diviser le bois en 4 tronçons, qui vont être ensuite recoupés aux bonnes dimensions (longueur) de l’anche. Dans cette phase, deuxième sélection de la qualité.
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La prochaine phase va créer la table de l’anche, en usant très précisément le bois à l’aide de 3 différentes meules pour obtenir une surface parfaitement plane et lisse. Troisième sélection de la qualité, la moindre imperfection du bois, l’anche est détruite.
C’est le moment de former le premier biseau et la forme exacte de l’anche, et à l’opérateur de respecter le sens de coupe pour les « Exclusive ». Quatrième sélection.
La coupe de l’anche débute alors, grâce à une machine qui calque la forme « master » en acier trempé. Cette pièce, c’est tout le savoir faire du créateur de l’anche. Chez Steuer, Marc Charpentier, un concepteur avec plus de 30 ans de métier, a contribué à la création des anches « Classic » et « Exclusive », en façonnant à la main, à partir d’un calcul fait par ordinateur, la pièce qui va servir à fabriquer des milliers de copies exactes. A la fin de la coupe, le bout est taillé, cinquième sélection de qualité.
Il faut établir alors la force de l’anche, un capteur calcule sa résistance, lui établissant son numéro.
La dernière phase consiste à utiliser un pyrograveur au laser. Le nom, la force et le primordial « made in France » est apposé. Un dernier contrôle qualité avant de mettre les anches dans la boite et le blister enrobe le tout, prêt à l’expédition.
En tout, 6 contrôles et sélections de qualité ont été opérés à la main depuis la coupe du tube, seulement 5 % de la canne brute ont été utilisés.
Témoin et garant du son Steuer, Thierry Maison, clarinettiste professionnel, « souffle » les anches prélevées au hasard dans les bacs, il est le jury qui donnera son véto s’il remarque la moindre anomalie.
De grands concertistes ont choisi les anches Steuer, notamment Sabine Meyer, la grande clarinettiste soliste de l’orchestre de Berlin qui joue maintenant la série « Classic ».
Grâce à la rigueur imposée depuis la plantation jusqu’à l’emballage du produit fini, le musicien pourra ouvrir sa boite d’anches en toute tranquillité, ce petit bout de bois amoureusement travaillé ne le décevra pas !